Accompagnement sexuel

Sommaire

Accompagnement sexuel, kézako ?

L’accompagnement sexuel est une prestation sexuelle, une spécialisation du travail du sexe.

Selon la définition de l’APPAS, l’accompagnement ou l’assistance sexuelle a pour but d’amener la personne accompagnée à se reconnecter à sa corporalité, à sa charnalité, à se réapproprier son corps, à se ré-incarner, afin de retrouver de l’estime de soi et de la confiance en soi, donc davantage d’autonomie. Les rencontres permettent d’acquérir de l’expérience dans le domaine de la sexualité. Elles représentent une étape d’un cheminement personnel plus long et large.

Ma vision de l’accompagnement place le plaisir au centre de la démarche : celui que l’on donne et celui que l’on reçoit. Il ne s’agit pas d’un soin, même s’il peut y avoir des effets thérapeutiques et participer au bien-être. Il s’agit d’abord et avant tout d’une rencontre humaine. 

Les accompagnant·e·s sexuel·le·s (AS) ne sont pas des soignant·e·s et n’ont pas besoin de connaître les détails de votre handicap ou de votre historique médical. Ce qui leur importe sera un peu plus logistique et technique :

  • Quelles sont vos attentes et vous besoins ?
  • Est-ce qu’il est compliqué de communiquer ?
  • Est-ce que vous avez des douleurs ?
  • Est-ce que vous pouvez vous transférer seul-e ?
  • Est-ce qu’il y a des choses utiles à savoir pour eux ? Par ex.: incontinence, passage d’auxiliaires de vie, tutelle ou curatelle…

L’accompagnement sexuel est-il légal ?

L’accompagnement sexuel est sous le régime légal de la prostitution, ce qui signifie grosso modo que :

  • Les AS ont le droit d’exercer. Leur travail n’est pas illégal. Iels sont tenu·e·s de déclarer leurs revenus et de payer des charges et des impôts.
  • Les client·e·s sont pénalisé·e·s et passibles d’une contravention de 5e classe (max 1 500€, 3 750€ en récidive).
  • L’infraction de proxénétisme est extrêmement large et peut être utilisée contre toutes les personnes tierces et éventuellement l’entourage des AS, même bénévolement :
    • Personnes servant d’intermédiaires
    • Personnes tolérant que l’accompagnement ait lieu sous le toit d’un établissement qu’elles gèrent
    • Proches bénéficiant de l’argent acquis lors des accompagnements sexuels…

L’Appas a pris le parti d’effectuer des mises en relation de manière transparente, au vu et au su des autorités. Il s’agit d’une forme de proxénétisme bénévole et militant.

Il n’y a à ma connaissance aucune jurisprudence en France où un·e client·e ou des tierces personnes aient été condamné·e·s dans le contexte de l’accompagnement sexuel.


Rencontre préalable

La rencontre préalable permet de faire connaissance, clarifier les besoins et diminuer l’anxiété liée à ce type de rencontre. Parfois, l’issue de la rencontre préalable est une décision de ne pas poursuivre vers un accompagnement sexuel, notamment si ça ne répond pas aux besoins de la personne ou s’il ressort que la personne n’est pas à l’aise avec cette démarche d’accompagnement.

Une tierce personne (ami-e, famille, soignant-e) peut être présente lors de cette rencontre, si la personne accompagnée le désire.

Aide-mémoire pour les accompagnant·e·s sexuel·les

Dans les échanges avant la rencontre/entretien préalable

Il n’est pas nécessaire de poser toutes ces questions, à voir avec le cas particulier du handicap en question.

  • Quel est le problème ? S’agit-il d’une dysfonction sexuelle ? D’anxiété ? S’il y a handicap, est-il seulement physique ou aussi psychique/cognitif ?
  • Quels sont les moyens de communication ? Mail, Skype, SMS, appels ou vidéo ?
  • Si la demande provient d’une personne tierce, est-ce qu’il est possible de communiquer directement avec la personne concernée? Il faut qu’elle soit impliquée autant que possible dès la prise de contact.
  • Est-ce que la communication verbale est possible ? Facile ? Si difficile, s’assurer des possibilités de la personne d’exprimer un refus.

Pendant l’entretien ou les échanges préalables

Décrypter la demande

Notamment si la personne souhaite s’exprimer/ressent le besoin de s’exprimer sur le sujet.

  • Pour quelle raison la personne fait appel à un·e accompagnant·e sexuel·le ?
  • Quelles sont ses attentes ? Ses craintes éventuelles ?
  • Est-ce une première démarche du type ? Si c’est le cas, comment elle voit les choses, concrètement ?
  • Qu’est ce qui lui permettrait de se sentir à l’aise ?
  • La personne a-t-elle déjà eu des expériences sexuelles ? Comment les a-elle vécues ?
  • Clarifier la question de l’attachement : ce que peut et ne peut pas être l’accompagnement sexuel. Est-ce que la personne envisage cet accompagnement dans la durée ou seulement une ou quelques rencontres?
Logistique
  • Où la personne pense-t-elle nous recevoir ?
    • Chez elle : s’assurer qu’il n’y aura pas de passage de professionnel·le·s, qu’elle nous donnera des détails sur l’étage, le numéro de l’interphone, le code etc. si elle ne peut pas se déplacer pour nous ouvrir ou n’est pas joignable.
    • Dans un centre : est-ce que d’éventuelles personnes tierces sont informées ? Quel est le degré d’intimité qu’a la personne au sein de l’établissement ?
    • Chez les parents/ou amis : s’assurer des possibilités d’intimité/tranquillité.
    • Hôtel ou Airbnb : la personne peut-elle réaliser la démarche de réserver et de payer le lieu en amont? Elle doit être consciente des coûts que cela représente en supplément. Si elle ne peut dormir/se laver sur place sans aide, elle devra prévoir de rentrer chez elle à l’issue de la rencontre. A-t-elle besoin d’aide pour entrer/sortir ?
  • Questions relatives à la mobilité : Besoin d’aide pour le transfert ? Le déshabillage/rhabillage ? La douche éventuelle ? Sortir du lieu de rencontre ? Ou est-ce que ce sera assuré par un auxiliaire de vie ? Si la personne se sent plus à l’aise pour le faire avec nous, préciser que ça fait partie du temps imparti à la rencontre. Prévoir au besoin des vêtements faciles à retirer. Est-ce qu’il y a du matériel à disposition pour aider au transfert ? Est-ce qu’elle pourra nous expliquer comment faire ?
  • Question des douleurs et autres particularités : est-ce qu’il y a des douleurs, des zones sensibles? Des mouvements à éviter? De l’équipement présent en permanence (respirateur, pompe à insuline, etc) ? Cette question doit être reposée et réévaluée le jour de l’accompagnement.
  • Personnes tierces : Dans les cas de grande dépendance, est-ce que du personnel sera à portée en cas d’urgence pendant que la rencontre a lieu ?
  • Horaires : Quelles sont les plages horaires possibles pour des prises de rendez-vous et les contraintes éventuelles de la personne (horaires des auxiliaires de vie, rendez-vous médicaux éventuels, etc. ). à
  • Autres questions, à voir selon les situations :
    • Y a-t-il une problématique d’incontinence ? Urine ? Fécale ? Quels sont les dispositifs mis en place ?
  • La personne gère-t-elle elle-même son argent ou est-elle sous tutelle/curatelle ? Si c’est le cas, s’assurer sa capacité à réunir l’argent pour le paiement. Comment sera-t-il effectué précisément?
  • Prévention : possibilité d’utiliser un préservatif externe ou interne ?